La revanche des oubliés de la godasse - Pays de Loire
13 DÉCEMBRE 2008
Les anciens salariés du groupe Pindière demandent réparation devant les prud'hommes. D'autres ouvriers du Choletais pourraient suivre. S'ils gagnent, ce sera une sacrée revanche. Pendant des années, les salariés de la chaussure ont subi licenciements sur licenciements au point qu'ils ne sont plus qu'une poignée dans le Choletais. Aujourd'hui, ils relèvent la tête et vont devant les prud'hommes.
À commencer par Pindière. Les dossiers de 150 salariés licenciés en 2004 sont déposés au greffe du conseil d'Angers. Motif : des plans sociaux insuffisants, ou encore l'absence de propositions de reclassement dans le plan social. « Les gens ont été maltraités », dénonce Maurad Rabhi, le responsable de la CGT du textile, habillement, cuir. Myrys : 1,6 million obtenu pour 82 salariés.
Avocat des salariés, Xavier Medeau explique : « L'entreprise ou le liquidateur doivent tout mettre en oeuvre pour arriver à des reclassements. » Par exemple, si un groupe possède une filiale à l'étranger, il doit obligatoirement y proposer des postes. « Souvent, continue Xavier Medeau, on ne le fait pas en se disant que personne ne voudra. » Une faille parmi plusieurs, que l'avocat compte exploiter. Il l'a déjà fait avec succès pour des salariés des ex-chaussures Myrys, dans l'Aude. Un premier groupe d'ouvriers a obtenu réparation en 2007. 118 personnes se sont partagées 2,5 millions d'euros. La partie adverse a voulu faire appel, puis s'est désistée. Du coup, il n'y a même pas eu de jugement pour le second groupe. La transaction a été signée début décembre : 1,6 million d'euros pour 82 salariés. Un troisième groupe va suivre. C'est l'assurance générale des salaires qui paye.
De quoi redonner espoir à tous les oubliés de la godasse. À commencer par les autres licenciés du groupe Pindière, victimes des plans sociaux précédents. À suivre par ceux du groupe Gep. Et sans doute d'autres encore. En janvier, une réunion est prévue à Cholet pour rencontrer des anciens de la Sacair et de Chupin-Penot.
« Des gens sont restés définitivement sur le carreau, ce n'est pas normal, rappelle Maurad Rabhi. On a utilisé leurs compétences pendant vingt ans avant de les jeter. Si les marques de chaussure se sont fait un nom, c'est bien grâce à eux. »
Le leader syndical poursuit : « Nous nous battons pour sécuriser le parcours professionnel des salariés. Pour qu'ils puissent se reclasser après un licenciement. » Et relever la tête, même après des années.
Marianne DEUMIÉ