2,4M€ pour les ex-Myrys victimes d'un licenciement abusif
7 MARS 2007
Pas de cris, mais une salve d’applaudissements. Et des sourires sur toutes les lèvres à la lecture du jugement. Hier c’est – pour reprendre l’expression de l’ancien secrétaire départemental de la CGT Alain Job – "un coin de ciel bleu" qui est apparu dans l’horizon jusque là bouché des anciens salariés de l’usine de chaussures Myrys de Limoux. Le Conseil de prud’hommes de Carcassonne a reconnu pour 118 d’entre eux un "licenciement sans cause réelle et sérieuse" qui leur ouvre droit à indemnisation. Rapidement versés Les sommes qu’ils ont gagnées, globalement, sont très élevées : un peu plus de 2,4 M€. Individuellement, cela représente des chèques d’une valeur comprise entre 15 et 26 000 euros, selon l’ancienneté de chacun. Des chèques qu’ils devraient toucher assez rapidement, puisque le Conseil de prud’hommes a déclaré "exécutoire" sa décision. Autrement dit, nul besoin d’attendre le résultat d’un éventuel appel pour qu’elles soient versées.
Prochainement donc, l’AGS (Assurance garantie des salaires, une organisation exclusivement financée par les cotisations patronales) devra appliquer ce jugement, en tant que suppléant de la société KCP (Klesh Capital Partners, pour les 33 personnes licenciées en 2000) et du liquidateur judiciaire Me Frontil (pour les 85 salariés licenciés pendant la période de liquidation de l’entreprise). Pour tous, le Conseil de prud’hommes a jugé que le plan social de Myrys n’avait pas été respecté, et notamment "l’obligation de reclassement". Ni l’employeur, ni Me Frontil n’ont justifié "d’une recherche préalable effective et sérieuse de reclassements des salariés", peut-on lire dans le jugement.
"Notre dignité ! C’est une journée importante de notre combat", a commenté Marie-Jeanne Rivera, l’ancienne responsable de la CGT Myrys, devant les salariés rassemblés quelques instants après le jugement à la Bourse du Travail à Carcassonne.
S’adressant à l’avocat, Me Xavier Médeau, qui a aussi plaidé le dossier de Cellatex, elle a lancé "Vous nous avez rendu un peu de bien-être, car les sommes qui vont être touchées ne sont pas négligeables, mais vous nous avez surtout rendu un peu de dignité.C’est énorme. Ça vaut autant que le pain".
Pour Yvan Cazcarra, qui fut lui aussi l’un des fers de lance du combat de Myrys, "cette décision donne une idée de l’importance d’être syndiqués à ceux qui n’en voyaient pas l’utilité". Quant à Maurad Rabhi, secrétaire national de la fédération "cuir, habillement, textile" CGT, il estime qu’il s’agit "d’un jugement de plus qui va nous permettre de peser dans les combats futurs. L’important, c’est que cette décision va faire mal au portefeuille des patrons", a-t-il commenté.